Exposition . Des Vivants, des Vins

30/12/2018 |

 

Galerie du Théâtre d’Orléans

Du 12 janvier au 16 février 2019

 

Le projet collectif Vin/Vivants

Pensé comme un projet hybride entre sciences humaines, arts plastiques et sciences du vivant, Vin/Vivants entend rendre sensible les réponses que des pratiques situées et attachées à un territoire peuvent composer face à la crise écologique contemporaine. C’est dans cette perspective que nous avons fait le choix d’un territoire — une portion des vallées du Cher et du Beuvron, entre Blois et Saint-Aignan — et d’une pratique — la viticulture « naturelle », qui se caractérise par un travail de composition avec les processus vivants. Cette articulation entre un territoire et une pratique nous semble à même de constituer un terrain d’enquête dans lequel se rencontrent le local et le global : un carrefour de problèmes éco-politiques depuis lequel interroger les modes de relations au vivant qui s’inventent en marge des modèles dominants, des mystères de l’ivresse à ceux de la biologie des sols, de la cohabitation du vigneron et du chevreuil à la relation aux levures indigènes.

Comme l’a montré Roger Dion dans un ouvrage devenu classique, l’histoire de la vigne et du vin est si ancienne qu’elle se confond avec l’histoire de l’humanité — ou plutôt d’une humanité, celle d’où sont partis les fondements de l’événement Anthropocène. Cet évènement qui marque, avec la catastrophe écologique contemporaine, notre entrée dans une nouvelle ère géologique acte un changement historiquement inédit du cadre de l’action humaine. La vigne et le vin ont représenté un élément important des sociétés humaines occidentales, intimement associés à leurs économies, à leurs cultures et à leurs mythes. Travailler sur la vigne, l’une des plantes emblématiques du néolithique européen et de l’Holocène, n’est donc pas anodin. Elle a été un élément structurant de l’écologie dans laquelle la civilisation occidentale s’est construite. Face aux bouleversements contemporains de cette écologie, Vin/Vivants entend explorer les pratiques de ces vignerons qui tentent de répondre à ce changement de décor, à « l’intrusion de Gaïa » pour reprendre l’expression de la philosophe Isabelle Stengers. Autrement dit, il s’agit de mieux saisir ce qui se joue dans ces manières de continuer à être viticulteur dans une autre ère, face à l’urgence de repenser nos relations aux autres vivants.

Comprendre les implications écologiques et politiques d’une situation comme celle de la viticulture implique donc de décrire les modes, les formes et les mutations des relations qui s’y nouent. Pour saisir ces transformations, il faut donc (re)devenir sensible aux attachements, aux vibrations, aux échanges qui se tissent et se construisent sur ces territoires qui sont aussi nos territoires, dans leur proximité conjointe avec nos lieux de vie et avec nos pratiques de buveurs.